Gérer « À 160 vaches, j’ai investi dans le suivi du troupeau »
Grand troupeau. Éleveur dans le Morbihan, Patrice Guiguian utilise Afifarm, un système couplant podomètres, analyseur de lait et logiciel. L’enjeu est d’anticiper les problèmes et d’améliorer les performances du troupeau, tout en gagnant du temps.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Pour conduire 160 vaches à 10 000 kg de lait, j’ai besoin d’un outil fiable et réactif de suivi du troupeau », explique Patrice Guiguian, éleveur en Gaec à Berric (Morbihan). Les signes d’inconfort ou de maladies se voient d’abord dans le comportement et la production. En les détectant tôt, on peut limiter les dégâts.
Il existe toute une palette d’outils pour aider l’éleveur à repérer et interpréter ces signes. Patrice a choisi le système israélien Afifarm (de la société Afimilk), commercialisé en France par BCEL Ouest. Il enregistre le comportement des animaux en permanence et les données de production à chaque traite. Les génisses reçoivent leur podomètre lors de la première mise à la reproduction et le gardent toute leur vie. Ce podomètre mesure l’activité et aide donc à la détection des chaleurs. Il identifie les périodes de repos, les levers et les couchers. Autant d’indicateurs qui, à l’échelle de l’animal ou du troupeau, permettent de voir des anomalies.
En salle de traite, l’Afilab mesure la composition du lait (une analyse tous les 200 millilitres). Toutes ces données sont enregistrées et analysées par le logiciel.
L’éleveur choisit les seuils et les critères d’alerte. Il peut décider, par exemple, d’être alerté à la traite si une vache reçoit des antibiotiques. L’information s’affiche alors sur le compteur à lait, au-dessus de la vache concernée.
Patrice a appris à valoriser ces informations pour optimiser la conduite. Au début, il continuait de surveiller toutes les vaches. Aujourd’hui, il fait confiance et se concentre sur celles qui sont en alerte. « Je vois des vaches qui me semblent en forme, mais je sais qu’elles couvent quelque chose. Il faut réagir. » Ce suivi est peu gourmand en temps. Les alertes arrivent sur le téléphone portable. Patrice doit aussi entrer des données, l’ouverture d’un nouveau silo, par exemple.
« L’usage des antibiotiques est réduit »
Il utilise les informations de multiples manières. Sur le plan sanitaire, il veut privilégier la prévention. Par exemple, une hausse de la conductivité du lait, couplée à un recul de production et à une baisse du lactose, alerte sur un risque de mammite. L’éleveur peut agir avant que l’infection ne soit visible. « Dans ce cas, je traite par homéopathie. Cet outil permet d’utiliser moins d’antibiotiques. »
De même, une hausse soudaine du TB, associée à une activité accrue, fait suspecter une mortalité embryonnaire. Patrice en découvre régulièrement pour une raison qui reste à élucider. Il gagne du temps par rapport à l’observation du retour en chaleur.
Le suivi quotidien des taux et de la production du troupeau permet de surveiller l’efficacité de la ration. « Normalement, le temps de couchage d’une vache est d’environ quatorze heures par jour. Ici, en hiver, elles sont plutôt à onze heures, mais je n’ai que 125 places à l’auge. » La production n’est pas pénalisée. Cet exemple montre la nécessité, permise par le système, d’adapter les alertes à l’élevage. Et pour ce faire, Patrice insiste sur l’importance d’être accompagné par un conseiller. Après un an et demi d’utilisation, Patrice constate des progrès directement liés à Afifarm. Ainsi, il s’est rendu compte que la majorité des vaches se trouvait légèrement en acétonémie à la mise à l’herbe l’an dernier. La ration manquait d’énergie et l’éleveur a vite rectifié. « Sans ce suivi, j’aurai détecté le problème plus tard, en voyant le lait baisser dans le tank. Quand on réagit tôt, on réduit l’impact sur les animaux et économique. »
« L’âge au vêlage va passer à 24 mois »
La détection des chaleurs s’est nettement améliorée sur les génisses. « On va passer à un vêlage à 24 mois au lieu de 26, grâce à un dépistage plus précoce des chaleurs. » Patrice s’attend aussi à une amélioration des performances en reproduction sur les vaches. Avant, il inséminait dès qu’il voyait une chaleur après 60 jours, par crainte de manquer la suivante. Aujourd’hui, il regarde d’abord la production et les taux. « Je n’insémine que si elle a commencé à reprendre de l’état. » Patrice souligne aussi un gain de confort pour lui. Parce qu’il se fie à l’outil, il ne retourne plus sur l’élevage le soir, comme il le faisait avant. « J’ai gagné en sérénité. »
Patrice estime que cet investissement n’est pas excessif (voir encadré), comparé à d’autres équipements de monitoring qui ne permettent pas un suivi aussi complet. Il pense qu’avec un grand troupeau, le suivi quotidien est capital. Il doit être à la fois rapide et efficace. « Nous avons une salle de traite 2 x 8, soit un poste pour dix vaches. La traite dure deux heures, mais je préfère investir dans la technologie. Cela a plus d’impact sur la performance économique que la durée de la traite. »
Patrice se charge souvent de la traite et il est en train de former l’apprentie. « Je veux pouvoir déléguer cette tâche sans prendre de risque. Avec le système de suivi, je sais tout ce qui se passe à la traite. » Afifarm est donc aussi un outil de gestion, voire de surveillance, des salariés.
Pour parfaire la conduite du troupeau, il manque encore une porte de tri afin d’isoler plus rapidement, et sans risque, les animaux qui en ont besoin. Ce sera la prochaine étape.
Les informations collectées par Afifarm sont compatibles avec d’autres systèmes, et la collecte de données par BCEL. L’échange de données est automatique. Car ces informations restent nécessaires pour calibrer les compteurs et analyseurs, au départ puis en routine.
« Pour rentabiliser l’outil, il faut savoir interpréter les informations et réagir à bon escient. Le conseil reste indispensable à mes yeux », explique Patrice.
Pascale Le CannPour accéder à l'ensembles nos offres :